Sans réformes consensuelles, quelle pertinence pour les élections législatives du 21 Juillet 2013 au Togo?

Crédit Photo: amaizo.info

Crédit Photo: amaizo.info

La situation socio-politique Togolaise observée, ces derniers temps, est loin d’être rassurante. Si les élections sont rentrées dans les habitudes dans certains pays, force est de constater qu’en Afrique en général et au Togo en particulier, élection rime avec frisson. Aller aux élections, rien de plus normale pour un Etat démocratique! Mais, que cela devienne un cauchemar, voilà le dilemme!

A tout bon citoyen conscient de l’avenir de ce pays, démarrée bientôt huit mois, l’organisation des élections législatives laisse à réfléchir. Ira t – on ou n’ira t – on pas aux élections législatives? Telle était la grande question que se posait le peuple togolais, jusqu’à l’annonce de la date des prochaines législatives fixée au 21 Juillet 2013.

Surprise! Etonnement! Indifférence! Inquiétudes! Les réactions étaient multiples ! Que ce soit les acteurs sociopolitiques nationaux ou ceux internationaux, à chacun sa réaction selon son analyse de la situation.

Voilà une bonne chose de connaître enfin, la date de ces élections autour desquelles des débats n’ont pas cessés de tourner. Mais, il se pose à moi une et une seule question: Pourquoi astreindre à ces élections, malgré la crise actuelle? Quelle pertinence quand l’essentiel n’a pas été discuté? Quelle pertinence d’aller aux élections quand le consensus est loin d’être trouvé ? Quelle pertinence, quand on sait que l’on risque de répéter quasiment les mêmes erreurs du passé ? Quelle pertinence, quand on sait que le cercle vicieux « élections – contestations – répressions- discussions- manifestations – arrestations – détentions – libérations– confusion – scission – protestation – élections » sera quasiment au rendez vous ? Quelle pertinence alors, de s’engager dans ces élections à risques, quand on a l’option de sauver la situation ou de réduire les risques ?

Naturellement, je suis pour des élections législatives libres, transparentes et démocratiques MAIS avant tout, je crois que l’établissement d’un environnement idéal gage de la réussite de ces élections est primordial. Le passé pas trop encourageant du Togo en matière électorale et les différentes recommandations issues des rapports d’observations tels que celui de la Mission d’Observation Electorale de l’UE  et bien d’autres, obligent le gouvernement togolais à repenser la situation actuelle. En effet, il en ressort de ces rapports que, pour un apaisement réel et pour des futures élections sans contestations violentes, il urge de revoir des points tels que la limitation de mandat ; le redécoupage électoral ; le consensus autour du code électoral ; pour ne citer que ceux là. Voilà des points qui divisent et qui sont encore pour le moment des préoccupations réelles et légitimes.

Tenir les législatives ce 21 Juillet 2013, sans réformes consensuelles c’est asphyxier le pays. Me dira-t-on le délai actuel ne permet pas ces réformes? Tout à fait d’accord. Mais, justement il n’y a pas de raison à s’engager dans ce processus déterminant d’une manière cavalière. Même si le Togo a des fonds propres à injecter dans ces élections, il serait plus intéressant que les autorités réfléchissent en amont sur les résultats à obtenir et surtout sur l’impact qu’auraient ces élections du 21 Juillet prises comme telles, sur l’état sécuritaire du pays. Un report avec un sens réel de dialogue, serait nécessaire pour la stabilité du pays tout simplement.

Je suis ainsi en désaccord total avec les propos du Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité Sociale, qui disent que l’enveloppe de 450.000.000FCFA attribuée aux formations politiques de l’opposition dans le cadre de ces législatives va « favoriser une riche et saine compétition électorale et à permettre une égalité de chances à tout parti politique ou groupe de partis politiques qui sollicite le suffrage des électeurs ».

Une somme financière ne saurait malheureusement à elle seule favoriser une riche et saine compétition électorale, quand on sait que la majorité des ténors de certains partis politiques sont en détention arbitraire depuis bientôt 6 mois dans les affaires d’incendies et aussi quand on sait que certains candidats ne pourront jouir de ces avantages à cause du fait qu’ils sont en détention dans cette affaire d’incendie dont le contour est et reste flou. Où se trouve alors l’égalité des chances à tout parti politique comme le souligne le Ministre ? Désolée, mais la copie est à revoir.

La stabilité sociopolitique doit restée le leitmotiv de tout acteur qui trouve sa part ou non dans cette actuelle crise que traverse le pays. Que l’on soit de l’opposition ou du pouvoir en place, les actions urgentes à mettre en œuvre à l’heure actuelle doivent être avant tout un dialogue de frères, un dialogue sincère ; un dialogue de gagnant – gagnant pour le bien du Togo.

Elections législatives, oui ; mais avant tout, accordez vous sur le minimum. Les exemples dans la sous région doivent servir de leçons pour une réflexion critique à fond sur la situation du Togo. Commettre l’erreur de rentrer dans un jeu sans issu ne sera que fatal. Evidemment, on sait quand ça commence, mais on ignore toujours quand ça fini.

Si les acteurs sociopolitiques ne veulent pas  entrainer le Togo dans une catalepsie totale, qu’ils repensent aux stratégies et décisions à prendre.

Togolais vient, bâtissons la cité !

Poster un commentaire

Classé dans Socio-Politique

Laisser un commentaire